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Récupérer l’eau de pluie : pourquoi et comment ?

En France, au titre de l’Article 641 du Code Civil, « tout propriétaire a le droit d’user et de disposer des eaux pluviales qui tombent sur ses fonds ». Si son utilisation est très strictement réglementée et si les dispositifs de collecte constituent un investissement non négligeable, la récupération de l’eau de pluie peut à la fois devenir rapidement source d’économies importantes et présenter un avantage écologique significatif.

Un usage strictement réglementé

L’eau de pluie peut être récupérée pour un usage domestique, hors consommation alimentaire. En intérieur, elle peut être utilisée pour alimenter la chasse d’eau, laver les sols et à des fins de lavage vestimentaire, si l’on est équipé d’un dispositif de traitement de l’eau adapté. Ces usages sont cependant soumis à la condition que l’eau de pluie utilisée n’ait pas ruisselé sur un toit contenant de l’amiante, du ciment ou du plomb.

Les autorisations d’usage extérieur sont moins contraignantes, et concernent principalement l’arrosage et le lavage des voitures. Pour autant, elles sont également soumises à l’installation d’un dispositif spécifique de récupération, qui permet le stockage de l’eau récupérée dans une cuve hors-sol ou enterrée. Aucun produit antigel ne devra, de plus, être appliqué dans cette cuve.

Si l’installation est raccordée au réseau d’assainissement collectif (rejet des eaux usées dans les égouts), une déclaration d’usage devra être faite, en mairie, sur papier libre, auprès du service en charge de l’assainissement.

Elle devra l’indiquer l’identification du bâtiment concerné et l’évaluation des volumes d’eau utilisés à l’intérieur du domicile. En cas d’utilisation intérieure, les robinets d’accès à l’eau de pluie devront par ailleurs être clairement identifiés. Une plaque de signalisation comportant la mention Eau non potable avec un pictogramme explicite devra être affichée à côté de chaque point de soutirage d’eau de pluie et WC alimenté par l’eau de pluie. Cette plaque de signalisation est disponible sur internet ou dans les magasins de bricolage.

Les robinets d’eau de pluie devront pouvoir être verrouillés, et, à l’exception des caves, garages ou autres pièces annexes, il est interdit d’installer un robinet distribuant l’eau de pluie dans une pièce où se trouvent des robinets distribuant de l’eau potable.

Les dispositifs de récupération, notamment pour une utilisation en intérieur, nécessitent également un suivi et un entretien régulier qui devront être consignés sur un carnet d’entretien sanitaire. Ce carnet contient les informations suivantes :

  • Le nom et l’adresse de l’entreprise chargée de l’entretien
  • Un plan détaillé des équipements de récupération de l’eau de pluie
  • Une fiche de mise en service
  • Les dates des vérifications et opérations d’entretiens réalisées
  • Un relevé mensuel des index des systèmes d’évaluation des volumes d’eau de pluie utilisés à l’intérieur des bâtiments raccordés au réseau de collecte des eaux usées

Classiquement, un récupérateur devra être vidé et nettoyé au moins une fois par an, en général avant ou après l’hiver. Il devra aussi être pourvu d’un système d’évacuation, afin d’éviter les surplus d’eau pluviale.

Tout dispositif de récupération des eaux pluviales peut être soumis à un contrôle, effectué par un agent technique du réseau d’eau potable de la mairie concernée. Les frais de ce contrôle sont à la charge du propriétaire du dispositif. En cas de risque de contamination du réseau public de distribution, les mesures de protection prescrites par l’agent technique devront être mises en œuvre. Dans le cas contraire, le Maire pourra demander la fermeture du branchement, éventuellement avec le recours de la force publique.

Des avantages économiques et écologiques

En dépit de ces contraintes, l’installation d’un récupérateur d’eau de pluie pourra présenter un bénéfice économique important. D’une part parce que l’on estime que l’eau potable n’est nécessaire que pour 50% environ de notre utilisation d’eau quotidienne, et d’autre part, parce que son prix devrait continuer à augmenter de 10% au moins par an, sur les dix prochaines années, du fait notamment du coût du renouvellement des canalisations, dont la moitié date d’avant 1965.

Dans ce contexte, on considère qu’installer un récupérateur d’eaux pluviales peut permettre de diviser par deux la facture d’eau annuelle d’un ménage. A l’évidence, il s’agit d’une moyenne, qui dépend de la consommation de chaque famille, mais si l’on prend en compte le fait que le seul fonctionnement des toilettes représente environ 1/3 du montant payé chaque année en moyenne par une famille de 4 personnes – autour de 450 euros-, on s’aperçoit que le gain devient vite significatif. Autre avantage majeur de l’eau de pluie récupérée, elle n’est pas calcaire. Cela permet donc aussi des économies sur les produits d’entretien et l’entretien des canalisations.

Ne plus recourir aux produits d’entretien, souvent polluants, préserve également les nappes phréatiques, qui bénéficient aussi d’une moindre utilisation des réserves d’eau douce. Par ailleurs, récupérer et stocker l’eau de pluie offre aussi la possibilité de disposer d’une solution alternative et gratuite pour l’arrosage notamment, en cas de grosses chaleurs et de restrictions. Enfin, récupérer l’eau de pluie, c’est également aussi restreindre les risques de saturation des stations d’épurations et d’assainissement.

Un investissement de long-terme, rentabilisé en quelques années.

Plusieurs modèles de récupérateurs sont aujourd’hui disponibles, en béton, en polyéthylène, ou en fibre de verre. Les capacités varient aussi entre 200 et 9000 litres ou plus.

En termes de prix, le spectre s’étend de 700 à 6.000 euros, en prenant en compte la capacité de la cuve, le matériau utilisé et l’installation du récupérateur. Le kit comprend généralement une pompe et des filtres. La dimension du récupérateur d’eau de pluie dépend de la surface du toit et du niveau de pluviométrie de la région.

En moyenne, selon l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME°), le coût d’un système de récupération d’eau de pluie est de l’ordre de 4 000 à 6 000 €.T.T.C pour une installation complète (pose et main-d’oeuvre incluses).

Ces dispositifs peuvent faire l’objet d’un taux de TVA réduit 10%, ainsi que de subventions de la part de certains départements et communes. Ces informations sont disponibles auprès des autorités publiques locales.

Au final, en prenant en compte l’économie directe sur la facture, les avantages connexes en termes d’entretiens des canalisations notamment, la disponibilité d’une réserve d’eau en toutes saisons, les perspectives de hausse du coût de l’eau potable et les bienfaits environnementaux, l’investissement s’avère assez vite intéressant et rentable au bout de quelques années d’utilisation du dispositif.