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L’Europe renforce ses objectifs de qualité de l’eau

Jusqu’à aujourd’hui, les contrôles de la qualité de l’eau en Europe répondaient aux exigences d’une directive entrée en vigueur en 1998, qui listait une cinquantaine de critères. Mais en décembre dernier, la Commission européenne a publié une version révisée de cette directive ¹. Elle revoit à la hausse les objectifs de qualité, en ajoutant de nouveaux polluants à traiter, en mettant l’accent sur l’accès à l’eau pour des populations jusque-là laissées de côté (les sans domicile fixe ou les gens du voyage, par exemple) et en exigeant une information plus complète aux consommateurs. 

Des traitements plus stricts pour plus de polluants 

Pour les polluants, le texte instaure une « liste de vigilance », qui obligera à assigner à certaines substances des « seuils indicatifs », et des méthodologies de suivi, permettant ensuite, le cas échéant, de durcir leur traitement. Cette liste de vigilance concerne en particulier des polluants de la perturbation endocrinienne, des médicaments ou les micro-plastiques, issus notamment du lavage des vêtements synthétiques.  Les chlorates, le Bisphénol A (utilisé dans la fabrication de plastiques et de résines et considéré par les autorités sanitaires européennes comme un perturbateur endocrinien), les composés perfluorés (qui font partie des six principaux gaz à effet de serre inscrits sur la liste du Protocole de Kyoto), et les légionelles devront être traitées lors de la potabilisation s’ils dépassent un certain seuil. Enfin, la directive divise par deux la limite autorisée pour le plomb.  

La volonté de compenser une augmentation des coûts 

Ces nouvelles exigences entraîneront des adaptations dans les usines de traitement des eaux, avec un risque de répercussion sur le prix payé par les consommateurs. La France, où le coût de l’eau est l’un des moins élevés en Europe, serait alors très concernée. Pour prévenir et compenser cette augmentation tarifaire, la solution réside dans la diminution de la consommation d’eau en bouteille. L’objectif est de la réduire de 6% d’ici à 2050, afin de la ramener à 100 litres par an et par habitant. L’économie réalisée par les ménages atteindrait alors 600 millions d’euros. Cela passera notamment par une meilleure information aux usagers, pour laquelle milite en France la Fédération des Entreprises de l’Eau (FP2E). 

En Europe : des risques persistants, malgré une qualité en hausse 

Le durcissement du traitement des polluants prévu dans la nouvelle directive européenne se justifie par le fait que la qualité environnementale des eaux reste insuffisante sur le continent, malgré une amélioration au cours des 10 dernières années. Le rapport publié par l’Agence européenne de l’eau en 2018 ² montre ainsi la pollution, la multiplication d’infrastructures (les barrages, par exemple) et la surexploitation, qui font encore peser une menace sur l’état des lacs, rivières, eaux côtières et eaux souterraines. Seuls 40 % des lacs, rivières, estuaires et eaux côtières surveillés ont atteint au minimum un « bon » ou « très bon » état écologique tel que prévu par la directive-cadre sur l’eau de l’UE au cours de la période de surveillance allant de 2010 à 2015. 

De fortes disparités selon les origines et les zones géographiques 

La qualité des eaux souterraines est généralement meilleure. 74% d’entre elles, en Europe, présentent un « bon état chimique » (contre 38% seulement des lacs, rivières et autres masses d’eau de surface). Pour autant, il apparaît que de nombreux sites sont contaminés par le mercure et les nitrates provenant des ruissellements agricoles, les intrusions salines et l’infiltration de produits chimiques dangereux provenant de sites contaminés (par exemple, de sites industriels, de zones minières ou de stockage de déchets). 

Les différences de qualité sont également géographiques :  la Scandinavie, l’Ecosse, l’Estonie, la Slovaquie, la Roumanie et plusieurs zones d’Europe méditerranéenne affichent des performances satisfaisantes. En revanche, dans les territoires densément peuplés d’Europe centrale par exemple, une plus forte proportion de masses d’eau n’atteint pas un bon état écologique. 

Et en France ?  

 « Depuis longtemps, l’eau potable distribuée à des dizaines de milliers de personnes en France contient des quantités excessives de nitrates », indiquent les experts de la Commission européenne.  Pour autant, selon les statistiques publiées chaque année, les problèmes de non-conformité ne concernent qu’une infime minorité (moins de 1%) des habitants. Très majoritairement, les Françaises et les Français sont satisfaits de l’eau qu’ils consomment. Une étude récente réalisée pour le compte du C.I.Eau ³ montre ainsi que 85% des citoyens ont confiance dans la qualité de l’eau du robinet et que 77% d’entre eux se disent contents de sa garantie sanitaire. La crise du Covid n’a d’ailleurs aucune incidence sur sur ces niveaux de confiance. Ainsi que l’explique Tristan Mathieu, délégué général de la FP2E, « le Covid ne peut pas passer par l’eau du robinet, pas plus que n’importe quel autre virus, vu les traitements bactéricides faits pour la potabilisation. C’était vrai avant le Covid et cela le reste ».  

1 https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/IP_20_2417 

2 https://www.eea.europa.eu/fr/highlights/l2019eau-en-europe-devient-plus 

3 https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/les-francais-restent-confiants-sur-leau-du-robinet-malgre-les-alertes-sur-les-nitrates-1262323 

 

 

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