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Recyclage des eaux grises : où en est-on ?

Chaque année, en France, on estime que les eaux grises, issues d’une douche ou d’un lavabo, représentent 40% de la consommation moyenne d’eau potable. A l’heure où les menaces de pénurie de la ressource se font plus fortes, le recyclage et la réutilisation de ces eaux deviennent des enjeux grandissants.

Les eaux grises sont des eaux usées domestiques, faiblement polluées et qui peuvent être utilisées pour des tâches ne nécessitant pas une eau absolument propre. Elles peuvent provenir de la récupération des eaux d’évacuation de lavabos ou de douche, mais aussi des eaux pluviales (si l’atmosphère n’est pas polluée) ou celle d’un puits (si la nappe phréatique n’est pas polluée). Toute eau ne contenant ni polluant chimique, ni trace de matière fécale ni trace de produit chimique (hydrocarbure, médicament, etc.) peut être considérée comme une eau grise.

Une eau grise peut contenir des traces de poussières, des graisses, de la nourriture, des cheveux, des détergents. Elle est souvent opposée aux eaux noires, ou eaux-vannes, qui contrairement à elle contiennent des matières fécales ou d’autres substances polluantes plus difficiles à traiter et éliminer.

Une réutilisation limitée et encadrée, un retard français

A ce jour, leur utilisation en France n’est pas autorisée pour des tâches domestiques. Pour autant, dans un contexte de développement durable visant à économiser la ressource, le recyclage de ces eaux, qui peuvent représenter 150 litres par jour et par personne, commence à devenir une pratique encouragée dans plusieurs pays du monde. Ainsi, on considère que 10% des eaux grises sont traitées et réutilisées en Italie, et que le ratio atteint 20% en Espagne- et près de 90% en Israël- . La France est dans ce domaine en retard sur ses voisins, puisque seul 1% des eaux grises est réutilisé dans notre pays.

Concrètement, ces eaux faiblement polluées ne peuvent pas être consommées. Leur réutilisation doit être sans risque pour la santé. Selon les recommandations émises par l’Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire-, elle concerne l’arrosage des plantes non comestibles, le remplissage de la chasse d’eau, l’alimentation du lave-linge, ou le nettoyage des surfaces extérieures sans génération d’aérosol et sans utilisation de nettoyeur à haute pression.

Des solutions disponibles pour un marché de niche

Même si, en France, le recyclage des eaux grises reste encore un micro-marché, du fait du caractère onéreux des solutions proposées et du prix relativement bas de l’eau, l’offre se développe, autour de plusieurs technologies.

La première, la plus artisanale, consiste à installer un système de collecte qui dirige les eaux usées vers un réservoir de stockage ou une citerne. Ainsi récupérées, les eaux grises peuvent être réutilisées pour arroser les plantes ou tirer la chasse d’eau des toilettes,

Il est également possible de s’équiper d’un double réseau de canalisations, qui constitue le meilleur moyen de s’assurer que les eaux grises domestiques sont correctement recyclées. Le premier réseau sert à raccorder l’installation au réseau public, afin que l’eau potable puisse atteindre la maison ou les locaux. Le second réseau est réservé à l’eau recyclée. Chaque réseau doit être installé indépendamment de l’autre, par le biais d’un circuit fermé. La tuyauterie réservée au recyclage ne doit avoir aucune interconnexion avec celle destinée à recevoir l’eau potable afin d’éviter toute contamination et de faciliter l’installation d’équipements de traitement des eaux.

Si l’on souhaite aller plus loin et traiter les eaux grises avant réutilisation, il est possible de se doter un système de phyto-épuration et de décantation. Le dispositif se compose de trois bassins : un bassin de prétraitement et filtration, un bassin de traitement des composés chimiques et un bassin de traitement biologique. Dans le bassin de prétraitement, les galets et les racines de roseaux travaillent ensemble pour filtrer les grosses particules de l’eau tout en agissant comme un système de compostage naturel. Dans le bassin de traitement chimique, des plantes telles que les algues et les jacinthes d’eau sont utilisées pour éliminer les nitrates, les phosphates et les substances toxiques de l’eau. Enfin dans le bassin de traitement biologique, les bactéries présentes dans les racines des plantes décomposent la matière organique en matière minérale.

Dans une logique similaire, l’utilisation d’un système de traitement biologique ou de désinfection est une alternative performante. Les systèmes de traitement biologique utilisent des bactéries pour décomposer la matière organique dans l’eau, tandis que la désinfection utilise des produits chimiques ou des rayons ultraviolets pour tuer les micro-organismes nuisibles.

Des innovations porteuses de promesses

Au-delà de ces solutions qui ont fait leur preuve, plusieurs innovations ont récemment fait leur apparition sur le marché. Compactes, peu encombrantes, faciles d’entretien et efficaces, elles devraient permettre de faire progresser le taux de recyclage des eaux usées, et de permettre à la France de rattraper une partie du retard accumulé sur ses voisins du sud.

Parmi ces nouveautés, créées et développées dans l’Hexagone, on peut citer Recover®, un appareil qui récupère les eaux usées issues des douches et des bains, les nettoie, les filtre et les recycle afin de les réutiliser dans les toilettes. L’eau récupérée après une douche de 10 minutes permet de remplir jusqu’à 20 fois votre chasse d’eau, réduisant ainsi la consommation d’eau et les factures de plus de 40%. Le système utilise une technologie de pointe brevetée CleanScreen™, comprenant une filtration optimisée autonettoyante se servant elle aussi d’eau recyclée sous pression et d’un module de désinfection très efficace et facile à mettre en œuvre

Autre innovation, Médaille d’Or du Concours Lépine en 2017, TurboSiphon de Reccal qui permet de préchauffer l’arrivée d’eau froide utilisée pour la douche, grâce à l’énergie récupérée dans les eaux usées de cette même douche. Il se caractérise par sa forme longiligne, étudiée pour limiter l’encombrement et les contraintes de pose dans le neuf et la rénovation. Installé sous le receveur ou la baignoire, TurboSiphon se raccorde d’une part sur l’évacuation de l’une ou de l’autre, d’autre part sur l’alimentation en eau froide du mitigeur de la douche ou du chauffe-eau. Il permet une économie de l’ordre de 30% sur la production d’eau chaude.

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